Recommandations pour les victimes de traumatismes et leurs proches

Vous ou un proche venez de vivre un événement extrêmement éprouvant. Il est possible que vous ayez besoin d'aide pour faire face aux émotions que cela déclenche. Ces informations pourraient vous être utiles.

Comment reconnaître un traumatisme d'une réaction normale ? 

Après un événement éprouvant inhabituel, il est commun d’avoir des réactions émotionnelles fortes. Ces réactions sont normales. La situation vécue et le traumatisme, par contre, sortent de l’ordinaire et méritent une attention toute particulière.

Il n'est pas nécessaire d'être victime d'une situation pour en être traumatisé(e). Les témoins, les soignants peuvent aussi être affectés.

De nombreuses personnes passent d’abord par une phase caractérisée par de fortes réactions émotionnelles qui peuvent durer de quelques jours à un mois :

Chez l’adulte :

  • tensions, tremblements, maux de tête, état d’épuisement, troubles cardio-vasculaires, sueurs, nausées, gorge serrée, etc.
  • troubles de la concentration, sentiment d’avoir la tête vide, souvenirs lancinants, vigilance accrue, pensées obsédantes, cauchemars, etc.
  • peur, sentiment d’impuissance, culpabilité, tristesse, débordement de sentiments, honte, colère et contrariété, déception, etc.
  • perte d’intérêt pour ce qui auparavant était important, comportement d’évitement, irritabilité accrue, manque d’appétit ou fringales, agitation continuelle, augmentation de la consommation d’alcool ou de drogues, fuite des contacts sociaux, etc.
  • sensation de choc, de sidération, de blocage, etc.

Chez l’enfant :

  • agitation intérieure inhabituelle
  • « bêtises »
  • l’enfant teste les limites à la maison ou à l’école
  • répétition à l’identique sous forme de jeu de la scène vécue
  • chute des résultats scolaires
  • conflits inhabituels avec les copains
  • comportements anxieux, réactions fortes au moment des séparations, peur de l’obscurité.

Comment s'aider soi-même ou aider ses enfants ? 

Chacun a besoin d’être soutenu différemment selon son tempérament. Voici, cependant, quelques conseils :

Pour vous :

  • Parler avec ses proches (famille, amis, soignants) de l’événement
  • Prendre le temps de se reposer et de récupérer
  • Lorsque des images vous obsèdent ou que la tension intérieure devient insupportable, trouver une occupation qui vous faisait du bien déjà avant l’événement
  • Prendre le temps de vivre ses émotions. Ne pas essayer à tout prix de vouloir « fonctionner normalement » le plus vite possible
  • Accepter l’aide offerte par son entourage
  • Structurer sa journée et surveiller son hygiène de vie (sommeil, consommation d’alcool, activité physique, alimentation, stress).

Pour votre ou vos enfant(s) :

  • Parler simplement avec son enfant de la situation vécue, répondre à ses questions, l’accompagner émotionnellement dans ce qu’il ou elle vit, le rassurer sans minimiser le ressenti
  • L’accompagner dans sa routine habituelle (école, activités périscolaires, etc.)
  • Ne pas oublier de prévenir les enseignants/ agents de garderie ou crèche, etc.
  • Conserver les mêmes rituels, repères et limites (les règles de la maison restent les mêmes)
  • Attention aux oreilles qui traînent ! Les enfants écoutent les discussions des grands et elles peuvent leur faire peur.

Ne vous attendez pas à ce que le temps efface vos souvenirs comme par magie. Les émotions liées à l’événement peuvent perdurer et vous occuper encore bien du temps (jusqu’à un mois après l’événement). Ceci est normal.

Que peuvent faire les proches et les amis ?

Il est souvent difficile de s’adapter à la fois au besoin de solitude de la personne et à son besoin d’être entourée. Souvent, le sentiment de ne pas être seul réconforte déjà et l’attention montrée par les proches peut aider grandement. Il faut donc se montrer flexible et tenter de s’adapter aux besoins exprimés.

  • Proposer de l’aide (courses, ménage, démarches administratives, etc.)
  • Prêter une oreille attentive au proche qui souhaite raconter. Parfois, cela fait du bien de revenir plusieurs fois sur un événement éprouvant
  • Ne pas forcer la personne à parler.

La personne touchée aura besoin de votre aide et de votre soutien pendant peut-être plusieurs mois… ne vous essoufflez pas !

Les choses à éviter :

  • Minimiser la situation. Ne dites pas « il faut oublier », « ce n’est rien », « fais comme si rien ne s’est passé » : c'est impossible pour la personne touchée
  • Banaliser son expérience - vous risqueriez de la faire se sentir incomprise
  • Faire des comparaisons avec des situations analogues : ce qu’a vécu la victime est unique à ses yeux
  • Faire de reproches
  • Insister sur les pertes matérielles

Le syndrome de stress post-traumatique

Si les réactions émotionnelles perdurent au-delà d’un mois, elles peuvent évoluer vers un état de stress post-traumatique (PTSD).

Les 4 signes caractéristiques du PTSD 

  • L’impression de revivre le traumatisme : des pensées, rêves ou « flash-back » récurrents s’imposent sans que rien ne les provoque et provoquent de la détresse émotionnelle.
  • Faire des efforts délibérés pour ne pas penser à l’événement traumatique : éviter certains lieux, certaines personnes, certaines situations qui éveillent des souvenirs douloureux.
  • Une hyper agitation ou hyperactivité pouvant se traduire par des difficultés à trouver le sommeil, un état de perpétuelle hypervigilance, une plus grande nervosité et des réactions de sursaut exagérées. La personne éprouve de la difficulté à se concentrer et se sent « les nerfs à fleur de peau ».
  • Avoir le sentiment d’être anesthésié ou encore d’être détaché des autres : il peut y avoir une diminution dans la capacité de porter attention aux autres et de ressentir des émotions positives. 

Quand consulter ?

Il est recommandé de chercher l’aide d’un professionnel de la santé mentale si les symptômes persistent au-delà d’un mois. Rappelez-vous que les personnes traitées de façon précoce récupèrent habituellement beaucoup mieux que celles traitées tardivement.

Les symptômes persistants (au-delà d’un mois) qui doivent vous alarmer :

  • des cauchemars plusieurs fois par semaine
  • des souvenirs lancinants et répétitifs
  • l’évitement de certaines discussions, certains lieux, certaines personnes
  • des difficultés à se concentrer, à travailler
  • la relation avec votre partenaire est affectée par l’événement
  • vous avez du mal à vous occuper de vos enfants
  • vous n’avez personne à qui parler, alors que vous pensez avoir besoin de parler.

Qui consulter ?

Le Service de Psychologie de l'Hôpital Erasme est à votre disposition. Vous pouvez demander une consultation au 02 555 52 06 ou envoyer un mail à Cons.Psycho@erasme.ulb.ac.be.