L'hypnopédie, ou la capacité d'apprendre pendant le sommeil, a été popularisée dans les années 60', avec par exemple la dystopie Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley où des individus sont conditionnés à leurs tâches futures au cours du sommeil. Ce concept a été progressivement abandonné faute de preuves scientifiques fiables d'une capacité d'apprentissage en sommeil.
Récemment toutefois, quelques études ont montré que l'acquisition d'associations élémentaires de type stimulus-réponse réflexe est possible au cours du sommeil, tant chez l'homme que chez l'animal. Néanmoins, il n'est pas clair si le sommeil permet des formes plus sophistiquées d'apprentissage.
Une étude publiée ce 6 août dans la revue Scientific Reports par un groupe de chercheurs de l’ULB Neurosciences Institute (UNI) montre que si notre cerveau est capable de continuer à percevoir des sons au cours du sommeil tout comme à l'éveil, la capacité de grouper ces sons en fonction de leur organisation dans une séquence n'est présente qu'à l'éveil, et disparaît totalement au cours du sommeil.
La chercheuse Juliane Farthouat, dans le cadre de son mandat d'Aspirante du FNRS sous la direction de Philippe Peigneux, professeur à la Faculté des Sciences psychologiques et de l’éducation de l'ULB, a utilisé la magnétoencéphalographie (MEG) pour enregistrer l'activité cérébrale reflétant l'apprentissage statistique de groupes de sons, pendant le sommeil à ondes lentes (partie du sommeil pendant lequel l'activité du cerveau est fortement synchronisée) et au cours de l'éveil suivant.
Pendant le sommeil, les participants ont été exposés à des flux rapides de sons purs, organisés de manière aléatoire ou structurés de manière à ce que le flux soit groupé statistiquement en ensembles de 3 éléments. Pendant le sommeil, les réponses cérébrales MEG ont démontré une détection préservée des sons isolés, mais aucune réponse liée au groupement statistique.
Pendant l'éveil par contre, tous les participants ont présenté des réponses cérébrales MEG reflétant le groupement en ensembles de 3 éléments.
Les résultats de cette étude suggèrent des limitations intrinsèques à nos capacités d'apprentissage de novo au cours du sommeil à ondes lentes, qui pourraient limiter les capacités d'apprentissage du cerveau endormi à de simples associations élémentaires.