Un Programme de Revalidation Respiratoire pour sortir d’une spirale handicapante
Le Programme de Revalidation Respiratoire mis en place dans le Service de Pneumologie de l'Hôpital Erasme a pour objectif de réduire les symptômes des pathologies respiratoires, améliorer la qualité de vie, la condition physique et psychosociale afin de maintenir l'autonomie et l'intégration sociale du patient.
Les symptômes communs à la plupart des pathologies respiratoires chroniques sont la dyspnée et l’intolérance à l’effort. Leur origine est multifactorielle et associe aux anomalies pulmonaires, des altérations musculaires et des troubles psychologiques. La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est la maladie respiratoire chronique la plus fréquente. Elle est caractérisée par la réduction progressive des débits aériens expiratoires due à un rétrécissement des petites bronches en raison d’une réponse inflammatoire inappropriée du poumon à l’inhalation de certains toxiques, surtout la fumée de cigarette.
Cette réduction des débits expiratoires provoque un « piégeage » de l’air dans les poumons. Ce piégeage s’aggrave à l’effort et augmente encore la dyspnée. Cette situation est perçue comme pénible par le patient qui, pour l’éviter, réduit inconsciemment ses efforts. Cette réduction des efforts entraîne à son tour un déconditionnement des muscles qui produisent plus d’acide lactique à l’effort. L’acidité du sang stimule ainsi la respiration et augmente encore la dyspnée.
Ces mécanismes détériorent progressivement la qualité de vie du patient qui, à long terme, se renferme sur lui et s’isole. Quel que soit son mécanisme, cette spirale de la dyspnée caractérise les pathologies respiratoires chroniques.
Un ensemble de soins personnalisés
La revalidation respiratoire est destinée à combattre ce cercle vicieux du déconditionnement. Elle est définie comme un ensemble de soins personnalisés, dispensés par une équipe multidisciplinaire, qui visent à réduire les symptômes, améliorer la qualité de vie, la condition physique et psychosociale afin de maintenir l’autonomie et l’intégration sociale du patient. Cette revalidation respiratoire constitue le traitement symptomatique le plus efficace de la BPCO, avant les aérosols bronchodilatateurs. Tous les consensus internationaux sur la BPCO la consacrent comme un des piliers du traitement. Elle s’adresse à tous les patients avec dyspnée ou intolérance à l’effort qui, malgré un traitement optimal (sevrage tabagique, médicaments et vaccinations), sont limités dans leurs activités journalières. Associant des compétences multiples, des pneumologues revalidateurs, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, diététiciennes, psychologues et assistantes sociales forment une équipe et travaillent en collaboration afin de personnaliser et d’adapter au mieux un traitement global.
Au programme
Après un bilan d’évaluation, la revalidation respiratoire comprend un programme d’entraînement physique, un soutien nutritionnel, un support psychosocial, une éducation thérapeutique et une aide éventuelle au sevrage tabagique. Le bilan comprend l’évaluation de différents paramètres : la fonction respiratoire de repos, la capacité à l’effort, la force musculaire, la qualité de vie, la dyspnée et des critères d’anxiété et de dépression. Le programme d’entraînement physique, d’endurance et de résistance est adapté à la capacité de chaque patient. Afin d’obtenir le bénéfice physiologique optimal, il doit compter au moins 30 séances de minimum 45 minutes, deux à trois fois par semaine. Il est complété par une éducation thérapeutique qui permet au patient de maîtriser la maladie et de comprendre son traitement, un soutien nutritionnel (en cas de cachexie respiratoire, d’obésité, de diabète mal contrôlé,…), un support psychologique (en cas d’anxiété, de dépression non traitée, de pathologie psychiatrique non suivie, …) et une assistance sociale (problèmes de transport, allocations d’un handicap, aides au domicile,…).
Bénéfice ? La qualité de vie, voire plus
Cette approche intégrée conduit à une augmentation de la capacité à réaliser les efforts avec une moindre sensation de dyspnée et à une amélioration de la qualité de vie. Une étude chez des patients sortant d’un séjour prolongé aux soins intensifs a montré qu’une prolongation de la survie peut aussi être obtenue par un programme de revalidation. Tous les patients atteints d’une maladie respiratoire chronique, symptomatiques malgré un traitement optimal, devraient bénéficier de ce type de programme.