Transplantation pulmonaire, plus de 30 ans d'expertise

Transplantation pulmonaire, plus de 30 ans d'expertise

Le programme de transplantation cardio-pulmonaire de l’Hôpital Erasme existe depuis maintenant plus de 30 ans. Rétrospective sur ce parcours jalonné de succès.

En août 1983, Georges Primo (chirurgie cardiaque) et son équipe réalisaient une des premières transplantations cardio-pulmonaires en Europe chez une patiente atteinte d’une maladie pulmonaire très rare, la lymphangioleiomyomatose. Dans les années 80, le programme de transplantation cardiopulmonaire chapeauté par Georges Primo, secondé par Martine Antoine, pour le côté chirurgical, et par Marc Estenne, assisté de Christiane Knoop, pour la prise en charge médicale des patients, restera pionnier. Dans les années 90, d’autres programmes se développeront en Belgique.

A l’Hôpital Erasme, de nouvelles techniques chirurgicales, validées sur le plan international, seront progressivement introduites. En 1990 et en 1997, respectivement, la première greffe uni-pulmonaire (Prs de Francquen, Rocmans, Le Clerc) et la première greffe bi-pulmonaire (Prs de Francquen, Antoine, Cappello) seront réalisées, et à chaque fois chez des patients atteints d’emphysème.

UTCP en 2000

Le milieu des années 2000 est marqué par la création d’une unité d’hospitalisation consacrée (Unité de Transplantation cardiaque et pulmonaire [UTCP]). Elle professionnalise la prise en charge des patients et permet l’engagement d’un chirurgien senior dédié au programme, Benoît Rondelet, ce qui a augmenté le nombre de transplantations réalisé chaque année et améliore encore d’avantage les techniques de prélèvement d’organe (donneur à cœur arrêté) et de transplantation (transplantation de lobes pulmonaires chez les receveurs de petite taille).

450 bénéficiaires fin 2012

Fin 2012, près de 450 patients, adultes ou grands enfants, toutes indications confondues, ont bénéficié d’une transplantation cardio-pulmonaire dans notre institution, faisant de notre programme le premier programme de transplantation cardiopulmonaire francophone. A l’heure actuelle, partout dans le monde, la transplantation cardiopulmonaire a été remplacée par la transplantation uni- ou bi-pulmonaire. La première se pratique surtout chez les patients de plus de 55 ans atteints de pathologies pulmonaires obstructives (notamment l’emphysème) ou restrictives (notamment la fibrose pulmonaire idiopathique) sans composante infectieuse. La seconde est avant tout indiquée chez les patients de moins de 55 ans quelle que soit la pathologie pulmonaire terminale et chez les patients porteurs de bronchiectasies infectées (un exemple étant la mucoviscidose). L’intérêt de la collaboration active entre chirurgies thoracique et cardiaque persiste toutefois. En effet, les malades atteints des pathologies les plus graves doivent bénéficier de toutes les techniques d’échanges gazeux extra-corporels maîtrisés par les chirurgiens cardiaques.

Une équipe recomposée

Depuis mars 2013, l’équipe de transplantation pulmonaire se voit recomposée suite au départ de Benoît Rondelet. Elle est à présent dirigée par Matteo Cappello, secondé par Youri Sokolow et Maria Ruiz-Patino sur le plan chirurgical, et par Christiane Knoop, secondée par Isabelle Etienne et Isabelle Wellemans sur le plan médical. Quatre patients ont déjà, au moment de la rédaction cet article, été greffés depuis le 21 mars 2013, jour symbolique du renouveau. L’équipe médicochirurgicale travaille en étroite collaboration avec une équipe paramédicale robuste sur le plan infirmier, de la kinésithérapie, de la psychologie, de la diététique et de l’assistance sociale.

Et une chaîne d’acteurs intra et extrahospitaliers

Le programme de transplantation pulmonaire est une activité très transversale allant de l’identification des candidats potentiels à une telle intervention, à la greffe ellemême jusqu’à la gestion des complications à moyen et long-terme post-greffe. Il en découle que les équipes médico-chirurgicales et para-médicales doivent faire appel à de multiples collaborations intra-et aussi extra-hospitalières. Citons, par exemple, l’insertion de l’activité dans le Service de Pneumologie et, en particulier, la collaboration avec les Cliniques de la BPCO, des Pathologies interstitielles, de la Mucoviscidose, mais aussi la collaboration avec la Coordination de Transplantation, le Laboratoire d’Immunologie, le Service d’Anesthésiologie, le Service des Soins intensifs, le Service d’AnatomoPathologie, de Radiologie et de Microbiologie, … En effet, le succès du programme et la réussite de chaque transplantation dépendent de l’expertise d’une longue chaîne d’acteurs et ne peuvent se concevoir qu’au sein d’un hôpital académique dont l’activité de transplantation une des missions majeures.