Les chirurgiens du cancer

31/12/2018
La chirurgie occupe une grande place dans le traitement de la plupart des cancers. À l’Hôpital Erasme, le Service de chirurgie thoracique illustre bien la façon dont travaillent les chirurgiens qui opèrent ces tumeurs.

En pratique

Les rendez-vous au Service de chirurgie thoracique peuvent être pris :
Par téléphone : 02 555 37 73 - Par mail : Cons.ChirThor@erasme.ulb.ac.be
Via le formulaire de demande de rendez-vous en ligne.

Contrairement à d’autres types d’interventions chirurgicales, la chirurgie oncologique s’inscrit toujours dans une approche globale et multidisciplinaire. Et pour cause : c’est la nature même de la prise en charge du cancer en Belgique. « Chaque cas est discuté de façon collégiale dans une Concertation multidisciplinaire oncologique (CMO) », explique le Dr Youri Sokolow, chef de clinique au Service de chirurgie thoracique de l’Hôpital Erasme. « Ces réunions hebdomadaires rassemblent plusieurs médecins : le médecin spécialiste (dans notre cas, il s’agit du pneumologue), l’oncologue, le chirurgien, le radiothérapeute, l’anatomopathologiste (1), le radiologue, etc. L’infirmier(ère) coordinateur(trice) des soins en oncologie, qui fait le lien entre le patient et les différents spécialistes médicaux et paramédicaux, est également présent(e). L’objectif de ces CMO est d’établir, au cas par cas, la meilleure stratégie thérapeutique pour le patient. » À chaque type de cancer (poumon, peau, sein, digestif, etc.) correspond une CMO.

Le bilan et les trajets de soins

Mais avant la CMO, le patient doit bénéficier d’une mise au point qui déterminera la « résécabilité » (2) de sa tumeur ainsi que sa capacité à supporter une intervention chirurgicale. Pour les patients opérés à l’Hôpital Erasme, les CMO peuvent se dérouler dans un autre hôpital : tout dépend du lieu du diagnostic. Trois cas de figure :

  • Le cancer est diagnostiqué à l’Hôpital Erasme. Le pneumologue réalise le bilan et présente le cas du patient à notre CMO des cancers du poumon.
  • Le cancer est diagnostiqué à l’Institut Jules Bordet. Le bilan est alors réalisé sur place et le cas du patient est discuté à la CMO de Bordet. L’un des membres de l’équipe de chirurgie thoracique de l’Hôpital Erasme y participe. En effet, « tous les patients de Bordet atteints d’un cancer du poumon résécable sont opérés chez nous », commente le Dr Sokolow. « Dans ce domaine, nous travaillons en étroite collaboration avec les médecins de l’Institut Jules Bordet. Nous participons à leur CMO et ils viennent assister aux nôtres. »
  • Le cancer est diagnostiqué dans un hôpital partenaire. Le bilan est effectué dans les hôpitaux du réseau et les cas sont discutés dans leurs CMO respectives. « Pour ma part, j’ai des consultations dans le réseau EpiCURA (Ath, Baudour, Hornu) et j’opère au CHU Tivoli (La Louvière) et au CHU Ambroise Paré (Mons) », explique le Dr Sokolow. « Je participe à leur CMO et, selon les cas, le patient est opéré sur place ou ici. Notre service travaille depuis de nombreuses années avec cette approche multicentrique. Selon moi, le travail en réseau doit être préservé pour maintenir une prise en charge optimale des patients. »

Cancers du poumon et chirurgie

Tous les cancers du poumon ne peuvent pas être opérés. Seuls les stades précoces de la maladie (environ 20 à 30 % des cas diagnostiqués) sont éligibles à une intervention chirurgicale. D’où l’intérêt de les dépister au plus tôt...

Un service performant

En Belgique, environ 1500 cancers du poumon sont opérés chaque année. « Plus on fait quelque chose, mieux on la fait ! », estime le Dr Sokolow. « Notre service a acquis une expertise reconnue dans les résections des tumeurs pulmonaires : nous en opérons entre 50 et 170 par an. Et pour cause : non seulement nous sommes l’un des deux seuls services belges avec la KUL entièrement dédiés à la chirurgie thoracique (3), mais, en plus, notre unité d’hospitalisation pour les cancers du poumon est médicochirurgicale. C’est-à-dire que certains de nos patients y reçoivent également une chimiothérapie. Rester dans le même  environnement, avec les mêmes équipes médicales et infirmières, est plus rassurant et plus confortable pour eux. » 

L’unité d’hospitalisation du Service dispose également de l’infrastructure nécessaire pour la prise en charge postopératoire. « Nos patients ne passent pas par les soins intensifs : après un séjour d’une nuit en Unité de Soins Post-opératoires Aigus (USPA), ils remontent en chambre, le lendemain de l’intervention. Nos chambres sont spécialement équipées pour monitoriser les patients sur les plans respiratoire et cardiaque et prendre en charge la douleur. Notre unité  d’hospitalisation peut s’appuyer sur un personnel infirmier et paramédical (kiné, par exemple) compétent, ce qui est nécessaire pour une prise en charge postopératoire optimale et multidisciplinaire. »

L'ère de la chirurgie minimale invasive

Ces dix dernières années, le traitement du cancer du poumon a bénéficié d’avancées majeures. Sur le plan chirurgical, le développement de la chirurgie thoracique vidéo assistée (VATS) a été particulièrement important. « Avant, la chirurgie conventionnelle pour opérer un poumon consistait à réaliser une large incision dans le thorax (thoracotomie) avec écartement des côtes et une chirurgie à thorax ouvert », explique le Dr Sokolow. « Aujourd’hui, dans la majorité des cas, nous pouvons opérer par VATS. Nous pratiquons de petites incisions sur la partie latérale du thorax, sans écartement des côtes, et la chirurgie est réalisée à thorax fermé, sous contrôle vidéo. » Sur le plan oncologique, cette technique permet au chirurgien d’effectuer les mêmes gestes qu’en chirurgie  conventionnelle. Mais avec des avantages notables en post-opératoire : des cicatrices plus petites, une diminution des douleurs et du risque de complications
respiratoires post-opératoires et une durée d’hospitalisation plus courte. Si l’approche minimale invasive par VATS est considérée comme la technique de choix pour les tumeurs de petite taille (< 8 cm), la chirurgie conventionnelle par thoracotomie reste la technique de référence pour les tumeurs plus grandes
ou envahissant les structures voisines.

(1) L’anatomopathologiste est un médecin spécialisé dans l’analyse de tissus prélevés (biopsies) sur une personne.
(2) Une tumeur est dite résécable lorsqu’elle peut être entièrement enlevée par chirurgie.
(3) Dans les autres hôpitaux, la chirurgie thoracique est associée à la chirurgie cardiaque ou à la chirurgie vasculaire au sein du même service.

Erasme 'n Family

Les maladies chroniques en général et le cancer en particulier peuvent affecter les relations entre parents et enfant(s). « Erasme ‘n family » est un espace qui leur est dédié. Situé route 68, il propose un soutien aux enfants chaque mercredi après-midi (de 14 à 18 h). Depuis peu, l’équipe propose aussi un programme destiné aux parents atteints d’un cancer. Objectif : réfléchir ensemble à leurs préoccupations et au soutien qu’ils fournissent à leur enfant et leur
donner des outils pour faciliter la communication. Plus d’infos auprès de l’équipe Famille (T 02 555 59 88).